Blum France est dirigé, depuis 2022, par Rachel Mugnier. En encourageant l’esprit collaboratif et l’autonomie dans son équipe, Rachel nous dévoile les grands axes du management. Encore une fois, on ne parle pas de genre, mais d’authenticité et compétences. Un marché, qui aujourd’hui est très concurrentiel et évolutif, nécessite des experts visionnaires. L’objectif ? Savoir imaginer et innover afin de répondre à des changements de modes de vie qui déterminent le macrocosme des clients finaux.
- Un marché exigeant à séduire avec excellence et qualité.
- Les femmes de plus en plus présentes chez Blum.
- Bienveillance et écoute, binôme gagnant pour une entreprise.
L’Officiel des Cuisinistes - Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel et nous expliquer pourquoi vous avez choisi cette profession ?
Rachel Mugnier [1.1] – J’ai longtemps travaillé dans le domaine de l’export et puis, il y avait un moment dans ma vie où j’avais fait un peu le tour de la question : est-ce que je souhaitais changer d’orientation de travail ? Je dirais plus que c’est l’entreprise Blum qui m’a choisie, qui m’a plu finalement. Parce que ce n’est pas les produits qui m’ont attirée réellement : une charnière ce n’est pas exactement la chose qui pouvait m’attirer au départ.
En revanche, l’entreprise et les valeurs qu’elle véhicule cela m’a vraiment plu et fascinée. Je parle de valeurs de qualité, d’innovation, mais aussi de valeurs humaines. Je crois que c’est ça qui m’a très intéressée au départ chez Blum. J’ai intégré l’entreprise en 2008 et, en 2014, j’ai créé le service marketing au sein de Blum France. Avant, il y avait seulement un service commerce et marketing avec une unique personne pour s’occuper de toutes ces tâches, ce qui s’est avéré trop en termes de charge de travail.
Pour cette raison, nous avons décidé de scinder les deux expertises en créant un service marketing qui compte aujourd’hui quatre personnes salariées. En janvier 2022, j’ai repris la direction de Blum France, avec mon collègue Fabien George qui est mon directeur adjoint.
O.C. - Avez-vous constaté des changements dans la perception des femmes dans des rôles de leadership au cours de votre carrière ? Si oui, comment ces changements ont-ils affecté votre expérience professionnelle ?
R.M. – Je n’ai pas réellement constaté de changements dans la perception de la femme dans ces rôles. Depuis un point de vue global, concernant les hommes et les femmes, la vraie évolution que je vois aujourd’hui, c’est qu’on reconnait, on donne la chance pour différentes approches managériales. Aujourd’hui, homme ou femme, on a le droit d’avoir un leadership peut-être différent de ce qu’il se faisait auparavant. Pour moi, c’est ça la véritable évolution.
Je n’ai pas eu besoin
de transformer mon mode de management
Dans mon expérience personnelle, évidemment, ce type de management plus collaboratif et plus bienveillant que j’ai retrouvé chez Blum, m’a facilité le travail. Cela m’a permis d’utiliser mon style de management : je n’ai pas eu besoin de modifier ma façon de faire en devenant directrice générale. J’ai eu la chance de pourvoir continuer à manager comme je manageais dans le service marketing, c’est-à-dire avec plutôt de la bienveillance et de l’écoute, en restant moi-même.
O.C. - Avez-vous rencontré des défis spécifiques en tant que femme dans un domaine qui est traditionnellement masculin ? Si oui, comment les avez-vous surmontés ?
R.M. – Je n’ai pas vraiment rencontré de problèmes ou de barrières parce que je suis une femme. Peut-être parce que la transition vers le poste de direction s’est faite de manière fluide et en douceur. J’ai commencé en 2008 en tant qu’assistante marketing. Ensuite, j’ai eu la responsabilité du marketing et enfin la direction de la filiale.
J’ai toujours été bien identifiée par les clients, les partenaires et aussi par l’équipe ; tout cela a certainement facilité mon travail. Je n’ai pas eu, donc, de défis particuliers en tant que femme.
Je pense que si on est légitime dans son rôle, dans son expérience et par rapport à sa propre cohérence stratégique, tous les stéréotypes tombent plus facilement.
O.C. - Avez-vous eu des mentors ou des modèles qui vous ont soutenue dans votre carrière ? Quel rôle ont-ils joué dans votre développement professionnel ?
R.M. – J’ai eu la chance de pouvoir compter sur des personnes inspirantes tout au long de ma carrière, que ce soit des hommes ou des femmes. Ce qui m’a vraiment marquée chez eux, c’est une capacité à penser différemment et à considérer plusieurs solutions pour un problème. C’est très inspirant de rencontrer des personnes qui proposent d’autres chemins, par rapport à la voie normale et qui valorisent l’autonomie. Chez Blum [1.2], en règle générale, c’est vrai que c’est quelque chose qu’on nous laisse.
Nous travaillons en confiance et cette entreprise nous donne la chance d’être autonomes dès notre arrivée chez elle. C’est important de donner l’opportunité à des collaborateurs de pourvoir grandir en termes de compétences et d’autonomie.
O.C. - Selon vous, quels atouts une femme peut-elle apporter à des postes de direction dans le secteur de la cuisine équipée ?
R.M. - Au-delà des compétences techniques ou commerciales, les femmes apportent une forme de finesse dans la gestion des relations et aussi une sensibilité accrue. Si on parle d’une femme cuisiniste, très certainement, on parle d’une femme de sensibilité à l’expérience du client. Comment-il vit ? Quels sont les besoins de son projet d’aménagement d’intérieurs ?
Interpréter le marché,
ses évolutions et innover
en permanence
Si on parle au sens plus large du domaine de la cuisine équipée, je pense que les femmes peuvent apporter une approche plus collaborative dans le management. Il y a une sensibilité plus accrue chez la femme pour illustrer une proposition de valeur. Sa capacité d’écoute se conjugue aussi à celle de fédérer ou d’anticiper des besoins.
Cette sensibilité à l’écoute aide aussi à ressentir les tendances du marché, le choix des directions qu’il va falloir prendre. Et des risques, j’ajouterais, qu’il va falloir en prendre également. Finalement, je pense que les femmes sont plus prêtes à prendre des risques que les hommes, pour le bien-être de l’entreprise, bien évidemment.
O.C. - Avez-vous constaté une augmentation du nombre de femmes dans le secteur de l’industrie et de la distribution de quincaillerie aujourd’hui ?
R.M. - Oui, il y a eu une évolution réellement positive du nombre des femmes dans le secteur, tout type de postes confondus, même si – on ne va pas se mentir - cela reste un domaine encore très globalement masculin.
Néanmoins, il y a de plus en plus de femmes à des fonctions à la fois techniques et de direction. Je trouve que l’augmentation du nombre des femmes dans des postes de direction a accéléré après le Covid. Nous, qui faisons partie d’un groupe autrichien (l’Autriche est un pays plus traditionaliste), nous avons plus de femmes aujourd’hui qui ont des postes de direction de service et de filiale. Avant, il y a dix ans, il y avait peut-être deux femmes pour Blum (au niveau du monde entier).
Aujourd’hui il y a six femmes qui sont à la tête de 33 filiales de terrain. L’Autriche a compris que la mixité des équipes entre femmes et hommes qui travaillent ensemble à des postes de direction, c’est au final très bénéfique pour l’entreprise. Pour résumer, oui, il y a une vraie augmentation du nombre de femmes dans l’industrie et dans la distribution de la quincaillerie. Même chose pour les commerciales femmes qui sont sur la route tous les jours et qui sont en mesure d’expliquer de façon très détaillée et technique un produit.
O.C. - Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui envisagent une carrière dans des postes de direction ?
R.M. - Mon conseil primordial, c’est d’avoir confiance en soi. Ce n’est pas facile ni toujours évident pour les femmes d’avoir confiance en soi. Malgré tout, il faut la cultiver cette confiance en soi. Les femmes doivent aussi cultiver leur singularité. Elles ne doivent jamais penser devoir se conformer à un modèle qui existe, qui est bien établi. Leur façon, peut-être un peu différente, sera très enrichissante dans leur travail.
Les femmes apportent une forme de finesse dans
la gestion des relations
Les femmes doivent rester authentiques et s’entourer de personnes bienveillantes. Chez Blum [1.3] nous avons des experts. J’estime que mon rôle n’est pas de tout savoir faire. Mon rôle est de comprendre si tout le monde est bien dans le bateau Blum et que ces collaborateurs ont bien envie d’avancer avec nous. Mon travail est de m’assurer que la stratégie de l’entreprise soit bien acquise par tous ceux qui travaillent pour nous et avec nous.
O.C. - Comment envisagez-vous l’avenir de Blum France ? En quoi votre expérience et votre sensibilité pour le business constituent-elles un atout pour l’entreprise ?
R.M. – Avec les fondamentaux de qualité et d’innovation qu’on a chez Blum France, nous pouvons construire beaucoup de choses.
Cela accroit nos chances pour l’avenir. Et si on utilise ces deux valeurs (innovation et excellence) pour s’adapter aux nouveaux usages, pour travailler sur les exigences de durabilité ou sur les atteintes des consommateurs, là on a une stratégie qui se déroule.
Nous avons encore beaucoup de choses à imaginer chez Blum, dans un marché qui est très concurrentiel. Et pourtant, le métier de cuisiniste est une très belle profession, parce que pour tout le monde la maison est une valeur refuge. Et c’est là que réside toute la force de la stratégie d’une entreprise qui sait interpréter le marché, ses évolutions et innover en permanence.
Sarah Jay De Rosa