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Céline Gurruchaga – La créativité ? Une question de survie

  Publié le vendredi 20 juin 2025,
par Sarah Jay De Rosa

Lecture 11 minutes

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Architecte d’intérieur et entrepreneure, Céline Gurruchaga nous parle de son parcours. Séduite par l’enseigne Cuisines Références, elle poursuit son travail acharné avec indépendance et passion. Sous le signe de la créativité, nous allons découvrir le point de vue de cette cuisiniste qui est à la tête de son magasin à Chambly (60).

  • Un parcours professionnel pluriel et complet.
  • L’adhésion au réseau Cuisines Références.
  • L’approche des femmes en tant que cuisinistes.

L’Officiel des Cuisinistes - Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel et nous expliquer pourquoi vous avez choisi cette profession ?
Céline Gurruchaga [1.1] - J’ai commencé dans le commerce autour de l’habitat, j’ai travaillé dans l’immobilier haut de gamme en proposant des projets de transformation pour permettre aux acquéreurs de mieux se projeter avant leur achat immobilier, puis j’ai longtemps travaillé pour de grandes enseignes de Retail, dans l’agencement de magasins et la création de concept commerciaux, tout en conservant une petite activité "plaisir" dans l’architecture d’intérieur ma formation, en micro-entreprise. Et en 2022, j’ai été portée par un besoin vital d’indépendance, de challenge personnel, de pure créativité. Et surtout, il devenait essentiel pour moi de m’affranchir de tout lien de subordination, de mettre mon énergie au bon endroit et d’y trouver du sens. Est-ce le fait d’être une femme ? Je ne sais pas.

En tout cas, c’est clairement dans mon caractère le fait d’avoir été le chef d’orchestre de ma vie. J’avais un statut de microentreprise depuis une dizaine d’années. Le design d’espaces, l’amélioration de l’habitat, la proposition de solutions d’aménagement à la fois ergonomiques et esthétiques, c’était mon cœur de métier.

On construit son projet de vie, on lui consacre 
du temps, on cherche plusieurs solutions 

Et voilà que c’est devenu aujourd’hui mon activité principale. La créativité, chez moi, est indispensable. Elle est plus qu’un moteur : la créativité est une question de survie ! Et finalement, la meilleure décision que j’ai dû prendre professionnellement, malgré tous les risques que cela comportait, c’est bien celle de m’être mise à mon compte.

O.C. - Avez-vous constaté des changements dans la perception des femmes dans des rôles d’architectes d’intérieur, de conceptrices-vendeuses et de cuisinistes ? Si oui, comment ces changements ont-ils affecté votre expérience professionnelle ?
C.G. – En vrai, je n’ai jamais été une conceptrice-vendeuse. J’ai toujours été architecte d’intérieur et ce domaine (de l’architecture d’intérieur) a toujours été relativement féminin. En revanche, le domaine de la vente de cuisines équipées c’était un monde qui était plutôt masculin.

Aujourd’hui, cette tendance est de moins en moins vraie, on le voit dans les équipes qui sont plutôt mixtes. Le métier de cuisiniste mélange à la fois l’architecture d’intérieur et la vente de cuisines et je constate que le nombre de femmes, dans cette profession, continue à augmenter.

O.C. - Avez-vous rencontré des défis spécifiques en tant que femme dans le domaine de la cuisine équipée qui est traditionnellement masculin ? Si oui, comment les avez-vous surmontés ?
C.G. - Pour être tout à fait honnête, le fait d’être une femme n’a jamais été un obstacle à mes yeux. Je me suis toujours rapidement détournée des personnes toxiques, des hommes ou des femmes. Il ne faut pas non plus négliger l’impact, parfois, nuisant des femmes entre elles dans le domaine professionnel, je trouve.

Le fait d’être une femme
n’a jamais été un obstacle
à mes yeux

Ce que je sais, c’est que le monde des entreprises est parfois compliqué pour les femmes. Je l’ai constaté, je l’ai vécu, mais je ne me suis jamais considérée comme une victime, c’est incompatible avec ma personnalité. Je n’ai pas le sentiment d’en avoir souffert, ou bien cela m’a renforcée et je vois cela avec le recul comme du positif, car cela a contribué à créer celle que je suis aujourd’hui.

J’ai le sentiment d’avoir toujours été une femme forte et indépendante. Mon caractère, mon éducation (par ma mère) et mes modèles de femmes, ont très certainement aidé. Et plus largement, je trouve que les femmes ont une énorme capacité de travail et de gestion de la charge mentale et sont dotées d’un souci du détail qui leur est propre.

O.C. - Avez-vous eu des mentors ou des modèles qui vous ont soutenue dans votre carrière ? Quel rôle ont-ils joué dans votre développement professionnel ?
C.G. – Ma mère, une femme résolument indépendante et toujours dans l’action. Elle a été entrepreneure toute sa vie et elle a tout construit seule et c’est sa voie que je suis. Je l’ai vu essuyé des périodes compliquées en tant que chef d’entreprise, se battre, tomber, se relever, recommencer, réussir. Elle est à la retraite à présent, mais sa personnalité est toujours aussi déterminée dans tout ce qu’elle entreprend. Elle est mon modèle, ma "norme" féminine.

Pour moi, une femme est un être humain fort, résilient tant dans la vie que dans le travail. Finalement, je ne suis pas très inquiète pour les femmes (rire) !

O.C. - Selon vous, quels atouts une femme peut-elle apporter à des postes clés dans le secteur du design et de la cuisine équipée ?
C.G. - De mon point de vue, j’ai pu constater que l’approche féminine, dans un projet, est toujours très orientée client. On construit son projet de vie, on lui consacre du temps, on cherche plusieurs solutions pour résoudre des problématiques qu’il côtoie tous les jours.

Je pense que les femmes ont cette écoute active, cette patience et cette empathie envers le client, qui sont absolument nécessaires pour optimiser un projet d’aménagement intérieur qui soit parfaitement adapté à son mode de vie et à ses besoins. Ce n’est pas pour rien que l’on dit que ce sont souvent (pour ne pas dire toujours !) les femmes qui décident à la fin dans tout projet lié à l’habitat (rire). 

O.C. - Pourquoi avez-vous choisi d’intégrer le réseau Cuisines Références ? En quoi votre expérience et votre sensibilité pour le business constituent-elles des atouts pour le magasin que vous gérez ?
C.G. – J’ai eu la chance de travailler au sein de la centrale de Cuisines Références à la direction de l’architecture et du concept des magasins. Déjà, à l’époque, j’ai eu le coup de cœur pour cette enseigne. Selon moi, sur le marché des cuisinistes spécialistes aujourd’hui, Cuisines Références est l’enseigne la plus orientée service et accompagnement du client.

Et c’est aussi une enseigne qui travaille tout l’habitat au sens large. Bien sûr, la cuisine équipée est son cœur de métier, mais pas que. Toutes les pièces de la maison peuvent être optimisées et personnalisées. Il est donc évident que, par rapport à mon profil d’architecte d’intérieur, cette enseigne m’a séduite.

La créativité 
est une question 
de survie !

Avec Cuisines Références j’ai eu toutes les clés en main pour ouvrir mon propre magasin et un bel accompagnement de la part de la centrale sur tous les sujets. Quant à moi, j’étais déjà très à l’aise avec le management d’équipes et la relation client et j’ai toujours été passionnée par le moindre projet à dessiner. Finalement, il ne me manquait plus que le bon emplacement et la bonne opportunité. Et j’ai foncé dés que cette opportunité s’est présentée à moi ! Ma décision a été prise en moins de 24 heures, dont une nuit sans sommeil (rire)... J’ai ouvert mon premier magasin [1.2 et 1.3] en juillet 2023, après quelques longs mois de démarches administratives et plus de deux mois de travaux, à Chambly (60) sur une surface de 140 m², petite mais cosy, inspirante et premium. Mon équipe est composée de deux jeunes femmes : une architecte d’intérieur comme moi et une conceptrice-vendeuse déjà expérimentée dans le domaine. Un trio de choc 100 % féminin.  Et pourquoi pas, demain, un second magasin...  

O.C. - Y a-t-il beaucoup de femmes dans le réseau de magasins Cuisines Références ? Sont-elles bien représentées au sein du réseau ?
C.G. - En fait, les femmes sont très bien représentées dans le réseau Cuisines Références. Il y a beaucoup de femmes qui ont leur propre magasin. Certaines d’entre elles en ont même plusieurs. Les femmes sont très présentes à la centrale également.

O.C. - Quels sont les avantages et les inconvénients d’être une femme cuisiniste aujourd’hui ?
C.G. - Honnêtement, je ne vois aucun inconvénient (rire) ! Concernant les points forts des femmes cuisinistes, je rebondis sur la capacité d’écoute et une véritable empathie pour le client. Je parle de la véritable volonté d’aller creuser, de prendre son temps, d’étudier les réels besoins du client, ses habitudes de vie.

O.C. - Une autre interviewée nous parlait du pragmatisme des femmes et j’ai pensé que ce n’est pas une qualité que nos collègues hommes nous reconnaissaient très souvent. Quel est votre avis ?
C.G. - Personnellement, rarement mon approche à un projet de design ou d’aménagement se réfère au pragmatisme. J’ai plutôt une approche qui concerne le fait de permettre au client de se faire plaisir et d’obtenir du confort au quotidien. Quand on va étudier un projet, les clients le garderont peut-être quinze ou vingt ans.

Peut-être qu’ils penseront à vous et qu’ils seront ravis de ce que vous leur avez proposé. Au contraire, si vous n’êtes pas allé au bout de la réflexion, il peut arriver qu’ils pensent à vous, en se disant que vous avez fait une erreur ou que vous avez oublié quelque chose qui leur aurait facilité la vie au quotidien.

Et puis, il y a une grosse part de plaisir dans tout projet d’habitat, on évoque souvent le "coup de coeur" ! En tout cas, notre mission est d’entrer dans l’intimité de nos clients et c’est très important de faire les choses bien. Le pragmatisme, pour moi, n’a pas vraiment sa place ici.

O.C. - Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui envisagent une carrière dans votre domaine ?
C.G. - Je dirais, si vous vous sentez animées par un sentiment d’indépendance, de créativité, d’adrénaline et de proximité avec vos clients, alors foncez !

Sarah Jay De Rosa