Derrière la solidité et le rayonnement de Ballerina-Küchen, il y a une professionnelle à l’énergie contagieuse et à la vision affûtée : Heidrun Brinkmeyer. Avec un parcours riche, entre industrie de l’électroménager et design de cuisine, elle dirige depuis près de deux décennies une entreprise qu’elle considère autant comme une mission que comme une passion. À l’écoute des évolutions du marché et fidèle à des valeurs fortes, elle incarne une forme de leadership lucide et enthousiaste, bien ancré dans son époque.
- La passion du métier avant tout.
- Transparence, vision partagée et enthousiasme.
- Une entreprise orientée qualité et innovation.
L’Officiel des Cuisinistes - Pour commencer, pouvez-vous retracer votre parcours, nous dire quand vous êtes arrivée à la tête de Ballerina-Küchen et qu’est-ce qui vous a motivée à choisir ce métier ?
Heidrun Brinkmeyer [1.1] - Après mes études en tant que diplômée en écotrophologie, j’ai commencé une année de stage chez Poggenpohl. En parallèle, j’ai terminé ma formation de commerciale industrielle. J’ai ensuite intégré le service commercial, puis le marketing produit, avant de rejoindre Rational Küchen, puis l’industrie de l’électroménager. J’ai travaillé cinq ans chez Electrolux à des postes de direction commerciale et marketing, puis cinq ans en tant que directrice générale unique chez Indesit Company Deutschland, aujourd’hui intégrée à Whirlpool.
La prédominance
masculine dans
notre secteur est
un simple constat
C’était M. Ellersiek, le fondateur de Ballerina-Küchen, qui m’a proposé de reprendre la direction des ventes de son entreprise et d’acquérir des parts à long terme, ce que j’ai fait il y a maintenant 18 ans.
O.C. - Diriger une entreprise dans le secteur très technique et concurrentiel de la cuisine équipée est un véritable défi. Qu’est-ce qui vous anime au quotidien dans ce rôle ?
H.B. - Il est certain que faire évoluer constamment une entreprise comme Ballerina [1.2] dans les domaines de la vente, du marketing et des produits [1.3, 1.4 et 1.5] représente un défi. Mais pour moi, ce n’est pas une contrainte, car Ballerina n’est pas seulement mon métier, c’est aussi mon hobby. Et un hobby, on le pratique avec passion. C’est exactement ce que je ressens en me demandant sans cesse : que pouvons-nous encore faire pour garder Ballerina sur la bonne voie et continuer à avancer ?
O.C. - L’industrie de la cuisine reste-t-elle encore largement masculine ? Avez-vous ressenti, au fil des années, un changement dans les mentalités vis-à-vis des femmes occupant des postes de direction ?
H.B. - La prédominance masculine dans notre secteur est un simple constat. Selon moi, une femme peut diriger aussi bien qu’un homme. Cependant, occuper une fonction dirigeante implique toujours des sacrifices personnels. Aujourd’hui encore, les femmes ont plus de liberté pour choisir si elles souhaitent faire ces sacrifices ou non. En Europe, il est devenu plus facile pour les femmes d’accéder à des postes de direction. Mais cela ne suffit pas. Seules celles qui ont une réelle passion pour ce rôle y trouveront du plaisir. Être dirigeant doit faire partie intégrante de sa vie.
O.C. - En tant que dirigeante, comment définissez-vous votre style de management ? Pensez-vous qu’il reflète une sensibilité particulière ou simplement votre vision personnelle du leadership ?
H.B. - Parler de leadership n’est jamais simple. Pour moi, diriger signifie transparence et ouverture totales. Il est essentiel de communiquer en permanence les objectifs, les attentes et les résultats. Il faut savoir formuler une vision claire et surtout savoir enthousiasmer les autres pour cette vision.
O.C. - Des femmes occupent-elles aujourd’hui des postes stratégiques chez Ballerina ?
H.B. - Chez Ballerina, la proportion de femmes atteint 35 % dans l’ensemble des services. Elles occupent naturellement aussi des postes à responsabilité. Par exemple, la comptabilité et le service export interne sont dirigés par des femmes. Pour nous, ce n’est pas le genre qui compte, mais la capacité : une personne est-elle en mesure d’assumer pleinement une mission, de s’y engager corps et âme ? Ou cherche-t-elle simplement à remplir son temps de travail ? Sans une vision supplémentaire, ni l’entreprise ni sa propre conception du leadership ne peuvent évoluer. Diriger, c’est avant tout influencer.
O.C. - Comment Ballerina-Küchen se positionne-t-elle sur un marché où l’innovation, le design et la technicité sont devenus incontournables ? Quelle est votre priorité stratégique aujourd’hui ?
H.B. - Ballerina est aujourd’hui un véritable créateur de tendances dans l’industrie allemande du meuble de cuisine. Nous mettons l’accent sur la qualité, l’innovation de produit et les avantages fonctionnels – le tout intégré dans un design haut de gamme, qui est pour nous une évidence.
O.C. - La communication autour d’une marque peut-elle changer selon la personne qui l’incarne ?
H.B. - Bien sûr, une marque est influencée par la communication de ses représentants. Cependant, une entreprise doit idéalement disposer de valeurs de marque clairement définies – c’est aussi le cas chez Ballerina. Ces valeurs garantissent une communication cohérente et transgénérationnelle, indépendamment des personnes.
O.C. - Quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels l’industrie de la cuisine devra faire face dans les années à venir — et comment Ballerina s’y prépare-t-elle ?
H.B. - Les plus grands défis pour l’industrie de la cuisine résident dans l’évolution des canaux de distribution en Europe et les changements de comportement des consommateurs. Chez Ballerina, nous observons de près ces transformations pour pouvoir y répondre de manière ciblée.
O.C. - Enfin, quel message aimeriez-vous transmettre aux femmes qui aspirent à occuper un jour un rôle de dirigeante dans l’univers de l’aménagement intérieur et de la cuisine équipée ?
H.B. – Je ne peux que féliciter toutes les femmes qui choisissent d’assumer un rôle de direction dans le domaine de l’aménagement intérieur ou de la cuisine. C’est un secteur passionnant, dans lequel on peut s’épanouir de manière créative et avec beaucoup d’empathie, tant envers les partenaires commerciaux que les consommateurs.
Diriger, c’est avant
tout influencer
À mes yeux, les femmes ont souvent un avantage dans ce secteur, car elles sont plus facilement associées à l’univers de la décoration et de l’aménagement.
Pour accéder à un poste de direction, il faut une vision, de la persévérance, la capacité à encaisser des échecs et parfois simplement de la patience. D’après mon expérience, ce qui mène toujours au succès, c’est une coopération sincère avec les collaborateurs et les partenaires commerciaux. Et cela ne changera pas à l’avenir.
Sarah Jay De Rosa